Vie associative

Avant l’immobilier, pendant l’immobilier, au-delà de l’immobilier… j’ai toujours eu cette conviction intime que construire des murs sans tisser du lien, c’est bâtir du vide.

Ces années d’engagement associatif m’ont façonné autant que mes projets professionnels. Elles m’ont appris que la transformation du monde commence par la transformation de soi, et que chaque petite action compte dans le grand mouvement du vivant.

Habitat & Humanisme

2013 – 2016 | Annecy

Habitat et Humanisme œuvre depuis 40 ans pour le logement et l’insertion des personnes en grande difficulté. L’association propose des solutions d’habitat adaptées, accompagne les résidents vers l’autonomie et agit pour recréer du lien social au sein de nos villes fracturées. Une vision de l’immobilier qui place l’humain avant le bâti, la fraternité avant la rentabilité.

J’ai découvert avec Habitat & Humanisme ce que signifie vraiment « chercher un logement ». Ce n’est pas scanner des annonces en ligne. C’est frapper aux portes, convaincre des propriétaires qu’une famille en difficulté mérite autant leur confiance qu’un profil parfait sur le papier. C’est apprendre que derrière chaque dossier « compliqué » se cache une histoire humaine, des accidents de vie profonds, des épreuves que personne ne choisit.

Cette expérience m’a enseigné une vérité simple mais puissante : le logement n’est pas un produit, c’est un droit fondamental. Un toit, ce n’est pas seulement quatre murs et un plafond, c’est la dignité retrouvée, la possibilité de se reconstruire, le socle sur lequel tout le reste peut enfin s’édifier. J’ai compris que l’immobilier pouvait être un outil d’émancipation plutôt qu’un mécanisme d’exclusion.

Ces années m’ont aussi confronté à l’absurdité d’un système où des logements restent vides pendant que des familles dorment dans leur voiture. Elles ont nourri ma conviction que l’économie doit servir l’humain, et non l’inverse. Chaque famille relogée était une très (trop) petite victoire contre la fatalité, une preuve que la solidarité n’est pas une utopie mais une nécessité vitale.

La Gentiane

2015 – 2018 | Bassin Annécien

La Gentiane est la monnaie locale, complémentaire et citoyenne du bassin annécien. Elle permet de renforcer l’économie locale, de favoriser les commerces éthiques et de proximité, d’empêcher la spéculation financière et de soutenir la transition écologique. Une monnaie qui redonne du sens à nos échanges et qui circule uniquement dans l’économie réelle du territoire.

Participer à la création d’une monnaie locale, c’était entrer dans une aventure philosophique et politique autant que technique. Nous avons remis en question ce qui semble le plus naturel dans notre société : l’argent lui-même. Qu’est-ce que la monnaie ? Un simple outil d’échange ou le reflet de nos valeurs collectives ?

Avec la Gentiane, nous avons voulu répondre à une question fondamentale : et si notre argent pouvait incarner nos valeurs ? Et si chaque euro dépensé pouvait être un acte citoyen, un vote pour le monde qu’on souhaite ? Une monnaie qui ne peut circuler que localement, qui ne peut servir à spéculer, qui relie les producteurs et les consommateurs, c’est une monnaie qui remet l’économie à sa juste place, au service du territoire et de ses habitants.

J’ai découvert la puissance de la coopération citoyenne. Nous n’étions ni banquiers, ni économistes professionnels, juste des habitants convaincus qu’une autre économie était possible. J’ai passé des soirées à développer la partie numérique du projet, à présenter notre vision devant des commerçants, à convaincre que oui, nous pouvions reprendre en main une partie de notre système monétaire.

Cette expérience m’a enseigné que la transformation sociale ne se décrète pas d’en haut, elle se construit patiemment, par capillarité, en convainquant un commerçant après l’autre, un citoyen après l’autre. Elle naît de la conviction que nous ne sommes pas condamnés à subir le système économique actuel, que nous pouvons, à notre échelle, créer des alternatives concrètes et fonctionnelles.

Les Colibris

2016 – 2019 | Coordination du groupe local d’Annecy

Le Mouvement Colibris, inspiré par Pierre Rabhi, œuvre à l’émergence d’une société écologique et solidaire. Il encourage chacun à « faire sa part » pour enclencher la transition écologique et sociétale. Les groupes locaux portent des projets concrets en permaculture, habitats participatifs, gouvernance partagée et modes de vie résilients. Un mouvement qui réunit ceux qui refusent de rester spectateurs de l’effondrement et qui choisissent d’agir, ici et maintenant.

Coordonner le groupe local des Colibris m’a plongé au cœur de la légende du petit oiseau qui, face à l’incendie de la forêt, faisait sa part en apportant quelques gouttes d’eau dans son bec. « Je fais ma part », répondait le colibri aux autres animaux qui le trouvaient dérisoire. Cette fable amérindienne est devenue pour moi bien plus qu’une belle histoire mais une philosophie de vie.

J’ai accompagné des porteurs de projets extraordinaires : des collectifs qui voulaient créer des lieux de vie autonomes avec gouvernance participative, des passionnés de permaculture qui transformaient des terres stériles en jardins nourriciers, des citoyens qui réinventaient les façons de vivre ensemble. Nous avons porté ces projets auprès des élus locaux, pas toujours avec succès, mais toujours avec conviction.

Cette période m’a confronté à une tension philosophique fondamentale. Comment concilier l’urgence écologique avec la lenteur nécessaire à la transformation profonde des consciences ? Comment ne pas sombrer dans le découragement face à l’immensité de la tâche, tout en restant lucide sur la gravité de la situation ?

Les Colibris m’ont enseigné que la révolution la plus importante est intérieure. Avant de vouloir changer le monde, il faut accepter de se changer soi-même. Avant de critiquer le système, il faut se demander comment on y participe quotidiennement. Cette forme d’écologie m’a appris l’humilité et la cohérence, aligner nos actes avec nos valeurs, accepter nos contradictions tout en cherchant constamment à les dépasser. Coordonner un collectif en gouvernance participative, c’était aussi apprendre une nouvelle forme de leadership. Non pas imposer une direction, mais créer les conditions pour que l’intelligence collective émerge. C’était accepter que les décisions prennent du temps, que le consensus soit parfois difficile, mais que le chemin parcouru ensemble vaut autant que la destination atteinte.


Ces années associatives ne sont pas un chapitre clos de ma vie, elles sont le terreau de tout ce que j’entreprends aujourd’hui.

Elles m’ont convaincu qu’un autre immobilier est possible, plus humain, plus ancré dans son territoire, plus respectueux du vivant.

Elles m’ont appris que l’économie peut être au service de la vie et non l’inverse.

Elles m’ont montré que chacun, à sa place, avec ses moyens, peut contribuer à construire un monde plus juste et plus soutenable.

Faire sa part, c’est exactement ce que j’essaie de faire aujourd’hui dans l’immobilier en construisant du sens, pas seulement des mètres carrés…l’aventure continu…